Us open, dimanche 5 septembre.

Sur une dernière balle de son adversaire restée dans le filet, la jeune canadienne Leylah Fernandez, 18 ans, 73eme joueuse mondiale s’offre une incroyable victoire, surclassant l’allemande Angélique Kerber, pourtant largement favorite.

Le public est debout, les applaudissements nourris, l’ambiance incroyable.

Pour la deuxième fois en 3 jours cette jeune canadienne, inconnue il y a encore quelques semaines a réalisé l’exploit.

Après avoir écarté Naomi Osaka, numéro 3 mondiale et tenante du titre samedi, c’est à nouveau une ancienne numéro un mondial qui a du s’incliner devant le jeune talent.

Deux matchs et deux scénarios étonnamment proches :

  • Dans les deux matchs, la jeune canadienne perd le premier set et passe proche de la défaite dans la seconde manche avant de renverser la tendance.
  • Dans les deux matchs, la jeune canadienne fait preuve d’un étonnant sang froid en particulier dans les moments clés.
  • Dans les deux matchs, au fur et à mesure que la perspective de la fin du match s’approchait, l’intensité du jeu proposé par la canadienne ne cessait de s’amplifier

Alors, au-delà des belles histoires que le sport nous offre parfois, quand l’inconnu renverse la star, ou quand les challengers battent les favoris, peut-on ici parler d’exploit ou d’une performance qui s’annonce durable ?

Plusieurs indices invitent à penser que nous n’avons pas fini de voir le visage de la jeune canadienne et que les matchs incroyables qu’elle vient de réaliser ne sont pas le fruit du hasard.

Quelques enseignements que cette jeune canadienne nous apporte et autant de principes applicables pour soi ou en management :

L’effet d’induction : croire c’est pouvoir.

A la fin du match contre Naomi Osaka, la jeune Leylah est interrogée :

« A quel moment dans le match avez-vous eu le sentiment que vous pouviez gagner ? »

Réponse immédiate de la canadienne : « Dès le début ! »

Si cette réponse peut sembler pour nous autres français un brin prétentieuse, elle demeure néanmoins un principe important du succès : croire en ses chances, c’est créer les conditions mentales puis physiques favorables au chemin qui mène réellement au succès.

Evidemment croire profondément et durablement en son succès ne signifie pas nécessairement gagner mais cela conditionne à maintenir un niveau d’engagement important, une dépense d’énergie forte et une détermination durable.

A l’opposé, n’avez-vous jamais entendu un collaborateur ou un proche vous dire

« De toute façon, je ne sais pas faire, je ne vais pas y arriver, c’est peine perdue. »

En lien avec la sentence annoncée, on connait par avance l’énergie que va dépenser l’individu dans cette activité, dans cette mission…

Dès lors que faites-vous face à pareil discours ?

Compatir ? comme certains peuvent parfois le faire : « Oui tu as raison, c’est difficile… »

Une empathie bienveillante qui encourage pourtant souvent une spirale négative..

…Ou confronter votre croyance de réussite ? Encore faut-il, être vous-même profondément persuadé du succès potentiel !

La valorisation et le soutien

Assurément deux moteurs ont porté Leylah lors de ces matchs

  • Un moteur externe lié au moment : l’énergie transmise par le public, un public acquis à sa cause, extraverti et positif comme les américains savent le faire.
  • Et un moteur plus profond, nourri par son entourage depuis des années, en particulier son père Jorge Fernandez qui croit depuis toujours et indéfectiblement au potentiel de sa fille
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Jorge Fernandez avec sa fille au moment de sa qualification pour le tableau principal des Internationaux d’Australie.

En nous, sommes-nous ainsi capables, à l’image de Jorge, d’apporter un tel soutien, une telle énergie à nos proches ou à nos collaborateurs ?

Le plaisir du jeu

Au-delà du niveau de jeu et des exploits fournis, un autre élément a assurément contribué à conquérir le public à la cause de Leylah : son formidable sourire.

A chaque point important gagné, chacun était témoin du visage de la jeune femme qui s’illuminait, signal de l’extraordinaire plaisir vécu par la championne sur le court.

Un plaisir dans l’action, dans le moment, qui contribue à plonger dans le « flow »* cet état mental de concentration, de plein engagement et de satisfaction.

Un principe et une conviction associée : c’est dans le plaisir que les performances durables les plus belles se dessinent.

Et nous au quotidien, dans nos activités, combien de temps passons nous à investir de l’énergie dans ce qui nous passionne réellement dans nos métiers, dans nos vies, dans ce qui nous apporte plaisir, satisfaction ?

Avec quel impact sur la perception de notre performance ou de notre accomplissement ?  

*Le flow : ce concept, élaboré par le psychologue Mihaly Csikszentmihalvi à partir de 1975, a été utilisé dans de nombreux domaines, du sport à la musique en passant par la spiritualité, l’éducation et la séduction.

Nous pourrions ici parler d’autres points qui assurément apportent d’autres enseignements sur la performance de Leylah :

  • Sa capacité de concentration dans l’action, dans le présent, balle après balle, point après point.
  • Sa persévérance dans l’entrainement, associant effort et plaisir dans l’effort.
  • Son projet, son plan de carrière probablement déjà bien construit.

Des points que je ne développerai pas ici au risque d’être trop long.

Pour l’heure je vais me contenter de continuer à regarder jouer la princesse Leylah, désormais qualifiée pour les quarts de finale de l’US Open. Quelque chose me dit que son parcours à New York n’est pas terminé.

Une chose est sure du moins, la concernée, elle, y croit.

A n’en pas douter.