Marseillais VS le reste du monde…pro VS anti-vaccin…scientifiques VS scientifiques (!)…Youtube VS BFM…vieux VS jeunes… province VS parisiens…amateurs de Deliveroo VS amateurs de dîners clandestins : la covid a divisé ! (Même le genre de la Covid divise encore (on est vraiment obligé de dire la Covid ? J’aimais bien le…))

Tel un fin stratège, la Covid 19 a su semer la zizanie pour mieux s’imposer, en appuyant avec une cruelle ironie sur presque toutes les lignes de fractures imaginables de notre corps social souffrant déjà depuis longtemps de nombreuses co-morbidités.

À y réfléchir, s’il y a bien quelque chose qui a été mis à mal, au-delà des considérations humaines et financières, c’est la confiance.

Aussi, à l’heure de ce déconfinement estival tant attendu et censé être le dernier d’une longue série à rebondissements, peinant à me projeter dans le chimérique « monde d’après », il me vient surtout une question sur les vestiges de notre « monde d’avant » :

Mais où est donc passée la confiance ?

Confiance dans l’autorité, dans les institutions, confiance en l’avenir, confiance en l’autre, confiance en soi, …à tous les niveaux, la confiance en a pris pour son grade.

À l’heure où les questions de réouverture, de relance et de réorganisation du travail se posent dans le pays comme dans les entreprises, peut-être est-il opportun de rappeler ce qui fonde la confiance avant de se lancer…

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Contrairement à ses consœurs maintes fois invoquées : la bienveillance, la résilience, l’agilité et autres « bravitudes », la confiance ne se décrète pas. Le simple fait de l’invoquer peut s’avérer dangereusement contre-productif dans le scepticisme ambiant que l’on connait. Le « Aie Confiance » n’est pas sans rappeler la célèbre chanson du serpent du Livre de la jungle.

Pourquoi cela ? Tout simplement parce que la confiance n’est pas une intention mais une résultante.

La résultante d’une constance, dans la relation comme dans l’action. Relation et actions consistant à manifester à l’autre qu’on le reconnait, qu’il existe à nos yeux.

L’un des basiques de cette confiance est l’écoute active. En voici pour rappel les 5 piliers (dans le contexte actuel, où les esprits ont été éprouvés, ça ne peut pas faire de mal) :

  1. La disponibilité : Car il s’agit bien pour reprendre la célèbre formule d’Etienne Mougeotte de temps de cerveau disponible que l’on accorde à l’autre… (c’est toujours ça qui ne va pas à Coca).
  2. Faire parler en posant des questions ouvertes : Elles ont le mérite de ne pas enfermer l’autre dans nos a priori, et évitent d’induire les réponses auxquelles on s’attend
  3. Écouter et ne faire que ça : Pas de jugement (attention au non verbal qui en dit long, les yeux revolver, le soupir qui tue), et surtout pas de préparation d’arguments réchauffés pour prendre le dessus ou même rassurer.
  4. Relancer/creuser : Et ce jusqu’à ce que l’on saisisse pleinement le point de vue explicitement verbalisé par l’autre
  5. Reformuler : C’est l’étape cruciale (imaginez deux secondes qu’ils oublient de le faire lors des prises de commandes au Mc Drive…)

Car il faut se méfier de l’apparente simplicité de l’écoute active. Pour reprendre un slogan célèbre de l’agroalimentaire : les choses les plus simples sont parfois les meilleures… et souvent les plus exigeantes. D’ailleurs cela ne signifie pas tout accepter ou être d’accord avec tout ce que dit l’autre; cela signifie juste accueillir son point de vue, en prendre pleinement conscience afin de soi-même proposer une interaction juste et adaptée dans un second temps. Et cela permet accessoirement de gagner sa confiance et d’être écouté à son tour. 

Amusez-vous à observer votre pratique quotidienne de l’écoute, ensuite regardez autour de vous, enfin, observez nos chroniqueurs médiatiques et autres fin limiers de la politique : rare sont ceux qui savent offrir une écoute qualitative.

Notre interdépendance, quelle qu’en soit l’échelle (mondiale, nationale, en entreprise et en association, en amitié comme en famille) ne nous laisse aucun autre choix si nous voulons réussir que de nous faire confiance et donc de (ré)apprendre à nous écouter.

S’il y a un challenge que nous laisse la covid, c’est bien celui de rebâtir la confiance.

Et si on prenait le temps de s’écouter à nouveau ? À la table d’une terrasse par exemple, ou autour d’un bon repas, en plus ça peut être sympa !