Masdar City: la cité futuriste 100 % énergies renouvelables, zéro émission de gaz à effet de serre, zéro déchet, voulue par le visionnaire Cheikh Zayed, souverain de l’émirat d’Abu Dhabi disparu en 2004, .

Voici un bel exemple de projet très visionnaire dans un pays qui pour rester un leader économique, anticipe des changements radicaux pour ne pas avoir à les subir dans l’avenir. Le gouvernement a repensé intégralement leur mode d’exploitation de la nature. Un objectif: éviter la crise économique que provoquerait la pénurie de pétrole dans les années à venir et repartir dans une nouvelle ère de succès en se positionnant en pionnier de l’écologie mondiale.
Paradoxe nécessaire pour un pays où l’économie repose principalement sur l’exploitation pétrolière depuis des décennies et qui voit ses ressources s’épuiser. Mais c’est cette fois-ci en collaboration avec la nature que le pays projette de se développer et de se positionner en leader du « green business ». Construire une ville 100% écologique au milieu du désert : un projet remarquablement innovant, lancé par un gouvernement conscient de la nécessité de se remettre en question jusqu’à devoir parfois rompre avec ce qui l’a fait gagner jusqu’à présent, avant que l’environnement ne lui impose.
Comme dans l’entreprise, il est évidemment plus aisé de lancer des projets ambitieux et innovants quand les moyens humains et financiers le permettent. Dans une conjoncture et un climat social favorables, les hommes s’y investissent avec convictions et énergie. A l’inverse, quand la rupture devient inévitable et qu’elle est subie, car non anticipée, le climat morose et le manque de moyens freinent les énergies et l’innovation, alors même que c’est ce qui permettrait d’éviter la crise… Trop tard !
Il est facile de projeter et de croire au meilleur quand tout va bien, de mobiliser les foules pour y travailler et mettre la réalité au service du rêve. Cela devient beaucoup moins évident quand la crise est menaçante et que le rêve ne peut plus se confronter à la réalité, devenue trop terne, trop décalée, trop éloignée…
Se projeter à nouveau quand tout va bien, voilà ce que à l’échelle d’un individu, d’un couple, d’une entreprise et même d’un pays nous devrions prendre l’habitude de faire. Savoir se remettre en question en permanence pour rester en progrès et en projet, afin d’éviter de subir des changements trop radicaux.
« Il ne suffit plus de rappeler l’urgence. Il faut aussi savoir commencer, et commencer par définir les voies nouvelles. » Edgar Morin (La Voie, 2011).