« Le plus dur, c’est de prendre des décisions quand un tiers des informations dont vous disposez son incomplètes, un tiers sont contradictoires et un tiers sont fausses. »

Sir Winston Churchill

Sir Winston Churchill

Ce qui rend nos choix difficiles, c’est bien souvent notre difficulté à déceler les informations décisives au milieu de la masse de toutes celles dont nous disposons.

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Le néophyte assis devant l’imposant cockpit d’un avion de ligne ignore à quel cadran se vouer ; le pilote expérimenté, lui, dans une situation donnée, sait exactement où aller chercher la donnée dont il a besoin pour décider.

Savoir où regarder pour trouver l’information-clé, est une compétence d’autant plus essentielle dans le contexte d’« infobésité » pour reprendre le néologisme des Québécois.

L’anecdote que révèle l’ancien champion de tennis Andre Agassi dans une récente interview, illustre l’importance de cette compétence.

Dans les matches qui l’opposaient à Boris Becker, l’américain subissait les services sur-puissants de son adversaire. Incapable d’en lire la trajectoire, il n’avait pas d’autre choix alors que de s’en remettre au hasard, en choisissant d’anticiper ses retours de service tantôt d’un côté tantôt de l’autre.

C’est en regardant inlassablement les vidéos de ces rencontres qu’Agassi finit par trouver l’information décisive. Au moment de lancer sa balle de service, l’allemand tirait légèrement la langue, dans une sorte de tic jusque-là passé inaperçu. Mais Agassi et son équipe avaient remarqué que l’orientation de la langue indiquait la direction du service !

Dès lors, l’américain disposait de l’information-clé lui permettant de contrer le point fort de son adversaire et de remporter la plupart des rencontres qui s‘ensuivirent. Le plus dur, explique Agassi, fut même de résister à la tentation d’utiliser cette botte secrète à chaque point… au risque de finir par se trahir. S’il n’en a jamais rien su à l’époque, l’allemand confiait néanmoins avoir souvent l’impression que son rival arrivait à lire dans ses pensées !

(Pour les amateurs, vous trouverez le lien vers la vidéo de l’interview ici : https://twitter.com/i/status/1387758939534675972)

Comme Boris Becker, dans nos entreprises, il nous arrive d’éprouver ce sentiment troublant. Face, par exemple, à cet acheteur qui a perçu dans mon clignement d’yeux pile au moment de l’annonce du prix, une possibilité de négocier. Ou encore devant ce manager qui, ayant décelé dans mon changement d’attitude un micro-signe de démotivation, cherche à comprendre le fond de ma pensée.

Les « champions », quel que soit leur champ d’action, ne cherchent pas seulement à accumuler plus de compétences que les autres. Ils savent que le sens de l’observation fait souvent la différence : selon la formule d’Henry Ford, ils prêtent « attention aux détails que la plupart des gens négligent ».