7,5 mois après l’annonce de ma grossesse: j’ai pu tiré de cette période quelques leçons de management « gestationnel », bref appelez le comme vous voulez… Quelques pistes pour développer une relation d’empathie, déculpabilisante avec la collaboratrice enceinte, afin de l’accompagner dans cette nouvelle aventure humaine tout en maintenant un niveau de mobilisation  et de performance important.

Une grossesse dans l’entreprise sonne souvent comme un problème auquel il faut trouver une solution ! Nombreux sites internet affichent en titre principal « les droits de la femme enceinte : ce qu’il faut savoir ». Tous présagent une lutte de 9 mois entre 2 camps, l’entreprise et la collaboratrice enceinte, ce qui développe une méfiance a priori de part et d’autre! Comme si d’emblée l’entreprise était menaçante pour la salariée enceinte, ou l’inverse 🙂 : que la femme enceinte était une menace pour l’entreprise. Absolument rien n’existe sur la relation managériale durant cette période, dont l’impact est pourtant fondamental sur la motivation et la mobilisation de la salariée enceinte !

La grande majorité des femmes ont, le temps de leur grossesse, leur attention focalisée sur leur état, alors que l’entreprise préfèrerait évidemment qu’elles restent uniquement focalisées sur leur mission. Impossible, si la femme sent que son travail l’empêche de prendre soin d’elle et va à l’encontre du bon déroulement de sa grossesse. Celle-ci risque de se démobiliser, de dépenser son énergie à se poser 36000 questions sur son avenir,  jusqu’à se convaincre qu’elle doit changer de job pour être épanouie ! Elle risque également de développer tout un tas de symptômes justifiant un arrêt de travail prématuré.

Bref vous l’aurez compris, la grossesse est une période durant laquelle, la collaboratrice, a plus que jamais besoin d’être en phase avec ce qu’elle vit dans son travail et ce qu’elle vit dans son intimité. Pour cela, quelques pistes peuvent éclairer le manager désireux de maintenir sa collaboratrice en forme jusqu’à son départ, et même jusqu’à son retour ! Ces pistes ne concernent évidement pas les cas de grossesse pathologique.

Tour d’abord l’annonce : moment tant redouté par collaboratrice. Légalement, cette dernière n’a aucune obligation de vous annoncer sa grossesse avant son départ. Plus la confiance instaurée est forte et sincère plus la salariée annoncera tôt sa grossesse pour vous permettre d’organiser son départ sereinement.

Attention à bien choisir vos  1ers mots qui vont véritablement donner le ton de votre relation pendant la suite de la grossesse. Ils seront pour votre salariée l’expression la plus spontanée et donc la plus sincère de votre ressenti vis-à-vis de ce qu’elle vous annonce, elle ne les oubliera pas.

Eviter le « ah oui je m’en doutais, vu les kilos que tu as pris ces derniers temps »  ou encore «  toi aussi ! Tu es la 4ème en 3 mois, il faut bien que je te félicite, même si je ne te cache pas que ça m’aurait arrangé que tu attendes un peu ».

Ne pas dévaloriser l’annonce : la salariée appréhende forcément ce moment et ressent une forte ambivalence entre ce qu’elle vit comme un heureux évènement et l’idée que cela puisse être un « malheureux évènement » pour son entreprise. Même si elle ne s’attend pas à ce que vous ouvriez le champagne, elle espère un minimum d’enthousiasme de votre part.

Ensuite, veillez à préserver une relation informelle positive : ne faites pas de sa grossesse un tabou, ce qui reviendrait à nier son état et donc sa personne. Parlez-en régulièrement, afin qu’elle sente votre intérêt et votre reconnaissance vis-à-vis d’elle et de son nouveau « statut ». Pour autant  ne lui parlez pas UNIQUEMENT de sa grossesse, afin qu’elle se sente toujours reconnue en tant que membre de l’équipe et non pas réduite au statut de femme enceinte, en « sursis » jusqu’au congé maternité : celle dont on ne sait pas quoi faire d’ici son départ.

La maternité n’est ni une  maladie, ni une faute professionnelle, pourtant aujourd’hui encore trop de femmes se sentent coupables de l’être. Un peu d’écoute, d’organisation etsurtout de souplesse suffisent à concilier les intérêts de la collaboratrice et ceux de l’entreprise.

Pour maintenir un niveau de motivation et de mobilisation important de votre salariée, elle doit sentir que son état et sa future parentalité sont largement compatibles avec sa mission. Aujourd’hui en France, 80% des femmes obtiennent un arrêt maladie avant le congé maternité, alors que seules 20% des grossesses sont pathologiques. Et 88% des femmes prennent davantage que les 16 semaines légales. Ces chiffres peuvent traduire un manque de prise en compte de l’état physique et psychologique de la part de l’entreprise de la collaboratrice enceinte.

Au cours de la grossesse la salariée peut connaître différents états physiologiques, allant de la fatigue intense à l’énergie et l’enthousiasme débordants. Pendant cette période, soyez vigilant à canaliser l’énergie de votre collaboratrice. Surtout vers la fin, incitez-la à se déplacer le moins possible inutilement, quitte à la laisser travailler de chez elle quand sa présence au bureau ne représente pas une réelle plus-value pour la performance.  Les trajets, sont en effet une source considérable de fatigue pour la femme enceinte, ce qui diminue considérablement l’énergie et la motivation qu’elle mobilisera dans son travail. Mieux vaut une salariée en forme et performante qui travaille de chez elle, qu’une salariée qui fait l’effort de venir au bureau faire « de la chaise ». Bref savoir faire preuve d’intelligence et de souplesse managériale vous  garantit une mobilisation forte, voire croissante, de votre salariée. Alors oui, elle sera toujours enceinte et devra de toute façon s’absenter quelques mois ! Mais si vous avez su l’accompagner pendant sa grossesse, elle saura s’investir au mieux à son retour. Si vous ne vous sentez pas prêts à faire ces efforts, je n’ai alors qu’un conseil à vous donner : n’embauchez pas de jeunes femmes !

Autre point important : parlez-lui souvent de son retour et impliquez la dans sa préparation. La salariée enceinte a besoin de se projeter à son retour. Si la maternité est un inconnu pour elle, son travail doit au contraire lui permettre de construire un projet mobilisant dans lequel elle a envie de s’investir, de construire. Montrez lui qu’elle aura toujours les mêmes responsabilités à son retour et que son évolution professionnelle ne s’arrête pas à la naissance de son enfant.

La femme enceinte rencontre des situations nouvelles qui peuvent développer sa réactivité, son sens des priorités, sa faculté de décision et sa maturité. De nouvelles compétences, vous l’aurez compris, qu’elle pourra mobiliser dans son activité professionnelle.

L’essence même de cet article est absurde et confirme l’existence d’un malaise, puisque les bases du management d’une femme enceinte sont exactement les mêmes que celles du management relationnel auquel nous croyons : force du lien/relation, Perfection du geste/exigence, Impact de la confiance/valorisation, Souci de cohérence/autorité, Esprit de conquête/ projet et Expression des talents/ formation sont les leviers essentiels pour garantir la motivation de vos collaborateurs/ collaboratrices, enceintes ou non.

 

Et pour ceux qui sont papa : pensez simplement à la façon dont vous souhaiteriez que l’on considère votre femme dans son travail.