Il est courant de dire qu’on apprend de ces échecs. Certes, mais à condition d’en faire une analyse juste.

Bon sens ou contre-sens ?

Prenons appui sur un exemple sportif récent et par hasard, il s’agira de tennis !
Quelle leçon Rafael Nadal a-t-il bien pu tirer de sa défaite face à Djokovic, en ½ finale de Roland-Garros ?
A-t-il perdu ce match à cause de ses points faibles ?
Comme beaucoup d’observateurs avisés du tennis, je ne le crois pas. Certes l’espagnol s’est retrouvé souvent en difficulté côté revers et parfois pris de vitesse par son adversaire. Mais il ne s’agit là que de constats évidents qui ne constituent pas pour autant une analyse suffisante des causes de son échec.

Le débriefing doit nous amener un peu plus loin : si Nadal a perdu ce match, c’est qu’il n’a pas réussi à être aussi fort qu’il l’est habituellement sur ses points forts ! L’espagnol, qui étouffe généralement ses adversaires à force avec son coup droit qui rebondit près de la ligne, avec un lift surpuissant, a proposé à Djokovic des coups droits anormalement courts, avec moins d’effet que d’ordinaire. Est-ce là l’effet du stress, du climat moins favorable, d’une blessure peut-être,… seul l’intéressé pourrait le confirmer mais ce qui semble évident, c’est qu’il a été trop faible sur ses points forts pour battre le N°1 mondial – lequel, il faut le souligner, a su parfaitement en tirer parti.

Voilà la cause réelle de son échec. Et voilà, de ce fait, le sens dans lequel poursuivre le travail : continuer encore et encore de renforcer ses points forts.

Cette illustration rappelle que les points faibles ne constituent, dans bien des cas, que le symptôme de nos échecs ou de nos difficultés, pas leur cause.
Rien d’illogique au fond : de la même manière que nos points forts expliquent nos succès, leur absence ou leur moindre efficacité causent nos échecs.

D’où cette question-réflexe qu’il est sain de se poser en premier lieu, dans tout exercice de débriefing d’une situation difficile : « ai-je réussi, cette fois-ci, à faire aussi bien ce que je fais très bien d’habitude ? »