Très centrés sur le pilotage des résultats et sur la mesure de la performance, nos systèmes de management tendent à sur-valoriser le rôle des leaders. Pourtant, comme le souligne fort justement l’entraîneur de l’équipe de France de handball, Claude Onesta, le succès d’un groupe doit aussi beaucoup à un autre profil de population : les « gentils ».

Qui sont ces « gentils » ? Qu’apportent-ils à l’équipe ? Comment mieux valoriser leur rôle ?

Les gentils, ou créateurs de liens, comme les appelle aussi Claude Onesta, « …sont des gens capables d’aller d’un leader à l’autre selon les circonstances, sans chercher à rivaliser, mais en montrant bien qu’ils ne sont pas aliénés à qui que ce soit. Ces gens-là sont fondamentaux dans la construction du projet car ce sont eux qui vont générer du vivre ensemble en se baladant d’un sous-groupe à l’autre, en montrant qu’il est possible à chacun de se rapprocher, de partager des choses. C’est le mec qui va préparer le café pour créer un moment de partage, le mec qui va susciter une rigolade. Cette population, hélas, est rarement mise en avant, alors qu’à mes yeux, elle est au cœur de la vie sociale du groupe. C’est le gentil qui en permanence va tempérer les affrontements. Par moment il va même prendre sur lui et faire rire de lui-même pour faire retomber les tensions… » (1)

Dans chaque équipe, en sport ou dans l’entreprise, dans chaque classe à l’école, nous avons tous croisé ces « gentils ». Certes leur contribution peut difficilement être chiffrée. Pourtant, en participant à créer et entretenir des liens entre les uns et les autres, ces « metteurs en relation » aident chacun à trouver sa place au sein du groupe, à pouvoir y exister en tant qu’individu. Leur apport est crucial, tant nous savons qu’un individu estimant ne pas être reconnu, est peu enclin à s’engager pleinement pour l’intérêt collectif ! Au mieux, il reste dans son coin, à faire juste son travail… au pire, à défaut d’être reconnu, il n’a de cesse que d’essayer de se faire remarquer !

La cohésion d’une équipe ne se résume pas à l’affichage d’un grand projet, si beau soit-il : encore faut-il que chaque membre de cette équipe se sente en faire totalement partie.

A nous, managers, entraîneurs, enseignants de laisser de l’espace, du temps, de l’initiative, pourquoi pas des moyens, à ces « gentils » : le quotidien, mais aussi les fêtes, les anniversaires, toutes les occasions sont bonnes pour valoriser leur aptitude à créer ces liens sans lesquels le collectif risque de se résumer à une simple juxtaposition de talents et de compétences.

 

Antoine Carpentier