ou pourquoi s’accrocher toujours à ses propres atouts, même et surtout s’ils différent des atouts les plus répandus !

Diego Schwartzman : ce nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, ce joueur de tennis de nationalité argentine, actuellement classé n° 10ème mondial au classement ATP, mériterait d’être mieux connu.

Et si, comme moi vous aviez eu la chance d’assister au match qu’il a livré hier à Roland-Garros, vous sauriez pourquoi !

D’un côté du court Lenglen, l’allemand Jan-Lennard Struff, 1,96 m., 92kg, capable de servir régulièrement à 210 km/h.

De l’autre, Diego Schwartzman donc : 1,70 m., 64 kg.

Dès l’entame du match, l’obstacle allemand semble bien trop grand pour l’argentin. Les aces pleuvent, les coups droits gagnants se succèdent : Struff impose son jeu tout en puissance. 5 jeux à 1 : le 1er set est plié pense-t-on.

Et l’issue du match ne parait faire aucun doute…

C’est mal connaître Diego, habitué depuis longtemps à rencontrer des adversaires plus grands et plus puissants.

Sans affolement, avec courage et concentration, l’argentin s’accroche.

Là où d’autres champions auraient laissé filer ce 1er set, il reste concentré : plus précis en retour, plus juste tactiquement, plus rapide dans ses déplacements, il remonte peu à peu son retard, pour remporter finalement le 1er set 11 à 9 au tie-break, et s’imposer ensuite 6-4 et 7-5 dans les 2 manches suivantes !

Après cette victoire, Diego s’apprête à défier Rafael Nadal en ¼ de finale – contre lequel il n’a gagné qu’une fois sur 11.

Que peut nous inspirer ce renversement de situation et, au-delà de ce match, l’exemple de ce champion hors normes ?

Deux enseignements au moins :

L’importance, bien sûr, de la force de caractère.

« Ma taille n’est pas un problème. La différence se fait dans la tête », expliquait Diego en 2018 (interview du 31 mai 2018, Tennis Legend). Mais d’où provient ce mental d’acier ? Est-ce sa petite taille, son histoire familiale*, un talent inné, un prénom mythique** ?

On peut croire, en tous cas, que ses expériences l’ont amené à devoir cultiver sa force de caractère plus que beaucoup de ses adversaires ! 

La nécessité d’utiliser au mieux des ressources que l’on possède.

En l’occurrence, Diego a parfaitement su tirer avantage de sa petite taille : vitesse de déplacement, qualité de retour de service, rapidité d’exécution, jeu de jambes, capacité à changer de direction. L’argentin a développé un style de jeu en fonction de ses points forts.

« J’espère que les gens vont comprendre que le tennis est pour tout le monde, pas seulement pour les joueurs de grande taille », déclarait-il en 2017.

Trop souvent sans doute, nous pensons qu’il ne peut exister qu’un seul modèle de réussite, excluant tous ceux qui ne possèderaient pas les qualités associées à ce modèle. La réalité est tout autre et fort heureusement : « tous les chemins mènent à Rome », ou dit autrement, nombreuses sont les manières de réussir dans une activité X ou Y. L’enjeu est de choisir le chemin par lequel, comme Diego, nous pouvons tirer le meilleur parti de nos capacités.

Nous verrons demain si « tous les chemins mènent aussi en 1/2 finale »…

Buena suerte Diego !

* Les Schwarztman sont d’origine polonaise. Déporté au début de la seconde guerre mondiale, l’arrière grand-père de Diego, ayant pu s’échapper du train qui l’emmenait vers un camp de concentration, a emmené sa famille de Pologne en Argentine.

** Ses parents lui ont donné ce prénom en référence à Diego Maradona.