La semaine dernière, le CEO d’Apple Tim Cook a invité l’ensemble des salariés de groupe à reprendre le chemin du bureau au moins 3 jours par semaine à compter du mois de septembre.

Une communication qui n’a pas manqué de susciter des réactions auprès des salariés qui espéraient plus de flexibilité argumentant que ni la productivité ni les résultats du groupe n’avait été impactés ces derniers mois…Avec au passage des bénéfices en qualité de vie ressentis pour beaucoup.

Cette fronde, assez rare pour Apple, met en évidence que la période de retour progressif au bureau, qui s’amorce officiellement cette semaine en France, n’est pas à prendre à la légère.

En effet si le retour sur site est de fait très attendu par une partie de la population, ravie de retrouver de la clarté entre sa vie professionnelle et personnelle, pour d’autres, la période pourrait s’avérer plus complexe.

3 raisons à cela à garder à l’esprit :

  • Le télé travail a été pour certains une libération psychologique. Au-delà des gains de transport et de flexibilité associés au télétravail, ce mode de fonctionnement nous affranchit de « la comédie humaine » * qui se joue parfois en présentiel. Même dans les environnements relationnels les plus positifs, nous n’avons pas la toujours la possibilité d’être totalement nous-même, une source de charge mentale plus ou moins forte à laquelle nous ne nous exposons pas à domicile (*Julia de Funès – Le figaro – 1er juin 2021).
  • Le syndrome de la cabane, la peur de sortir de l’enfermement est une réalité. Ce syndromeautrefois observé par les « gardiens de phare » et les « chercheurs d’or », et récemment décrit par la psychanalyste Valérie Sengler dans son article sur le point santé du 23 mai se manifeste par une peur paralysante de « sortir », une angoisse à l’idée de retrouver la violence du monde extérieur, avec parfois des troubles physiques associés (maux de tête, de ventre…)
  •   La sortie de crise constitue un second changement (après le premier du télétravail). Certaines personnes, viennent de passer jusqu’à 15 mois sans avoir vu leurs collègues en chair et en os. Revenir au bureau après une si longue période constitue de fait une modification à nouveau significative de notre façon d’appréhender les relations et le travail. Syndrome de la cabane mis à part, il s’agit bien d’un processus qui amènera certainement son lot de de résistances ou de dépression d’énergie 

 Pour toutes ces raisons et au-delà des nécessaires précautions d’accompagnement et d’écoute qui découlent de ces observations, il convient aussi de réfléchir à l’intérêt de ce retour sur site pour les équipes : A quoi bon revenir au bureau ?

Si retrouver un collectif solide demeure une condition pour la performance à moyen/long terme, il s’agit ici d’une préoccupation managériale par définition moins visible pour les équipes…Dès lors comment inciter à revenir sans (trop) passer par la case de l’obligation ?

 Trois pistes d’actions, non exhaustives pour donner envie de revenir !

  • Considérez ce retour sur site comme une « seconde intégration » pour votre équipe, en acceptant la nécessité d’une journée « SAS » ou il s’agira moins de production ou de suivi de projet mais plus d’un temps d’écoute individuel, d’un temps de redécouverte de l’espace de travail. Un temps de reconnexion.
  •  Pensez concrètement à l’informel collectif : parce qu’il s’agit d’un espace social qui a probablement manqué à beaucoup d’entre nous, il convient de ne pas considérer que les relations vont reprendre forcément spontanément sans impulsion. Organisez, planifiez, proposez ces moments à vos collègues et équipes ! Dans le respect des règles sanitaires évidemment…
  •  Travaillez sur l’expérience collaborateur sur site. Il ne s’agit pas ici de « changer » les conditions de travail mais plutôt d’améliorer l’existant : mises à jour ou acquisition de logiciel ou outils, nouveaux espaces de travail. Bref des éléments qui pourraient concrètement apporter un atout de confort et de fluidité par rapport à l’expérience du télétravail.

 Des pistes qui invitent finalement à simplement soigner la relation avec les équipes.